Varkala

Pris le train de nuit au départ de Madurai à 23 h 30 pour une arrivée à 8 h à Varkala.
Au lever du jour, j’étais réveillé, le train roulait à vive allure avec un ronronnement régulier et apaisant. Au rythme des puissants moteurs diesel. Il devait être 5h30 et nous devions être proche de la pointe sud de l’Inde.
Sensation de froid, j’ai enfilé une polaire. J’ai quitté ma couchette et me suis dirigé vers la porte. Les portes restent ouvertes en permanence. Je me suis assis sur la margelle et l’air frais, du lever du jour, a frappé mon visage. Sensation agréable. 
Puis, j’ai regardé le paysage et l’étonnement m’a saisit… du vert, du vert et encore du vert. Bananiers, cocotiers buissons divers, arbres et tout cela à perte de vue. Quel contraste avec l’aridité que je côtoie depuis mon arrivée.
Varkala est une petite station balnéaire qui accueille de nombreux touristes indiens. Depuis le covid, les touristes non-indiens se font très rares.
C’est un bel endroit, la ville est en retrait de la côte d’environ 3 km. Du centre ville, part une petite route sinueuse qui descend une étroite vallée encaissée et mène à la plage.

Le soleil se couche sur la mer d’Arabie…

J’aime beaucoup le Vietnam et Pondichéry mais tous deux ont un inconvénient : l’océan est à l’est. Le soleil se couche derrière les montagnes. Il est vrai qu’un lever de soleil sur la mer est beau mais rapide. En moins d’une minute le soleil apparaît à l’horizon.
Un coucher de soleil sur l’océan, lui, s’annonce bien à l’avance, il prend son temps. On pourrait presque le qualifier de sensuel.
Tous les soirs le même ravissement, la même magie.

Cliquer sur la photo pour l’agrandir

L’histoire du tronc

Ce soir, je remontais de la plage, une belle surprise m’attendait en chemin.
Je vois une camionnette, 4 hommes, un tronc déjà chargé et 2 autres troncs énormes en attente. Je regarde, j’attends et je filme.
En filmant, je me suis dit que je devrais les aider puis une voix intérieure me dit : « ne prends pas de risques ». J’ai filmé jusqu’au bout.
Puis le tour du troisième tronc est arrivé et là je me suis dit : « au diable les risques, fais ce que ton coeur te dis« . Et je les ai aidé.

Quel bonheur de sentir l’effort et quel bonheur, une fois finit, la poignée de main et le sourire heureux des 4 hommes…

C’est une situation qui aurait pu se passer en France dans les années 1970 quand j’étais adolescent. Après, les assurances sont venues et la peur a restreint les actes des hommes, la peur a donc restreint leur liberté…

Evidemment, les assurances ne sont pas seules responsables. Elles ont donné une direction et le temps et la culture ont fait le reste. Si bien qu’aujourd’hui en Europe, sans s’en rendre compte, car ça s’est fait petit à petit, les gens ne vivent plus. Peu à peu, ils se retrouvent contraints de partout, avec des interdits de plus en plus nombreux. Imaginez que la même scène arrive et que je sois avec ma compagne. Me voyant faire ça, elle m’aurait dit : « mais pourquoi tu fais ça ? » – « C’est pas ton problème » – « Laisse-les se débrouiller » – « T’es fou ! Tu prends des risques pour rien ! » … (Comme si l’autre était « rien » !!! ).

C’est comme de rouler en train assis sur la margelle, les jambes pendant à l’extérieur.         Que du bonheur !              La liberté retrouvée…
Voir le blog  » Vivre  » et le blog  » La gratuité « 

Note : Ce matin, je suis descendu à la plage boire mon thé au lait (« Chaï ») comme tous les indiens. En remontant, la camionnette était de nouveau garée et l’homme qui tenait la corde la veille était là. Quand il m’a aperçu, son visage s’est fendu d’un sourire jusqu’aux oreilles et a levé le pouce. J’ai souri. Nous avons pas échangé un mot, je suis passé. Certains silences sont  » lourds « mais, celui-là…  le silence était plein, consistant, humain.
Voir blog  » Le silence «